L'imagination épaissit le réel.

Hippolyte Herfloh, diplômé de l’Ecole Supérieure d’Art de Tarbes en 2015. Curieux et touche à tout, collectionneur d’idées et de connaissances, Hippolyte est d’abord un tagueur, du quartier de la gare du Nord à Paris où il a vécu son adolescence. L’univers des entrepôts désaffectés, et de la vie nocturne lui colle aux baskets. Les Beaux-Arts ont ouvert son champ d’investigation à l’infini et c’est ainsi qu’il accumule les expériences, mais ce qui l’occupe au fond est plus impalpable. Sa recherche consiste surtout à créer du lien et à examiner les conditions de création et de réception. C’est ainsi qu’il travaille volontiers en collectif et dans des espaces qu’il occupe de manière temporaire, en utilisant essentiellement ce qu’il trouve sur place.

 

Erika Bretton

 

L’imagination, extrait de Grammaire de l’imagination de Gianni Rodari.

 

 On parle souvent de l’imagination comme d’une qualité superflue, ou d’une activité dangereuse ou faculté réservée à un groupe privilégié de personnes. En fait, l’imagination est un instrument dont l’esprit ne peut jamais se passer. Elle sert pour jouer, pour travailler, pour vivre.

 

L’imagination n’est pas une fuite, un refuge hors du réel, mais un regard différent sur le réel. Une subversion des idées reçues par le biais de l’insolite, un recul critique vis-à-vis du réel en tant que matière brute. Ce qui débouche naturellement sur des implications sociales. Chacun de nous naît avec un potentiel d’imagination, qu’ensuite la vie, les circonstances, l’éducation, les exigences de la société étouffent et paralysent. Un bon producteur - exécutant, un consommateur docilement soumis aux conseils de la publicité ne doit pas avoir d’imagination : il doit seulement être disponible pour tous les conditionnements.

 

Les contes, comme la musique, comme la poésie, comme l’engagement politique et social, appartiennent à la vie de l’homme libre, de l’homme complet. Ils peuvent même représenter pour lui une défense contre une totale réduction à l’état d’esclavage. Les contes sont les alliés de l’utopie, passage obligé de l’acceptation du monde à la capacité de le critiquer, à l’engagement pour le transformer.